Nathalie Peyrottes et Emmanuelle Hilaire

Le job dating de L'Aveyron Recrute a permis de mettre en valeur notre territoire, nos établissements, de faire comprendre qu’il y a du recrutement, des besoins en Aveyron.
  • Nathalie Peyrottes (à gauche) : Responsable RH affaires médicales à l’Hôpital de Saint-Affrique
  • Emmanuelle Hilaire (à droite) : Responsable RH affaires non médicales à l’Hôpital de Millau

Présentez vous au sein de vos structures

Nathalie Peyrottes, je suis chargée des ressources humaines de l’hôpital de Saint-Affrique, principalement en affaires médicales et encore un petit peu en affaires non médicales. Je suis en poste à Saint-Affrique depuis la reconstitution de la structure en 2008 puisqu’à l’époque nous étions Centre Hospitalier Intercommunal du Sud Aveyron, Millau-Saint-Affrique. Aujourd’hui, on travaille de plus en plus avec l’hôpital de Millau puisqu’on a la même direction. De ce fait, je suis également en charge de missions transversales sur l’Hôpital de Millau, sur les affaires médicales plus particulièrement.

Emmanuelle Hilaire, je travaille au Centre Hospitalier de Millau, je suis responsable ressources humaines, plus sur la partie non médicale. Je suis arrivée au Centre Hospitalier de Millau en 2011. Je m’occupais principalement du médical et petit à petit avec les restructurations, j’ai basculé sur le non médical. Et depuis 2 ans, je travaille beaucoup en collaboration avec Nathalie. On essaye d’avoir les mêmes démarches, les mêmes façons de faire.

Nous sommes dans une phase où nous démarrons une harmonisation des pratiques, des procédures sachant que les hôpitaux de Saint-Affrique et Millau sont quand même 2 entités juridiques différentes, autonomes, avec chacune ses spécialités.

A Saint-Affrique, on a en moyenne 430 bulletins de paye par mois. Sur cet effectif, on a à peu près une trentaine de médecins. Et à l’intérieur de l’établissement, le personnel hospitalier est très varié : il n’y a pas que des soignants, 52 métiers différents sont représentés qu’il s’agisse des médecins, des administratif.ves, des infirmier.es, du cuisinier.es, des services techniques, des manipulateurs.rices radio… C’est très varié et par conséquent très intéressant.

A Millau, nous gérons le Centre Hospitalier de Millau et l’EHAPD Les Terrasses des Causses. Ce sont 2 entités juridiques différentes mais au niveau administratif, on mutualise. 700 agents travaillent sur le CH et 100 agents à peu près sur l’EHPAD. Les métiers sont aussi très diversifiés, on doit s’approcher d’une cinquantaine de métiers avec la psychiatrie, les éducateurs.rices spécialisés.es.

Quelles sont vos problématiques de recrutement ?

Nos problématiques concernent beaucoup les métiers en tension, notamment ceux qui relèvent du médical. En ce moment, il y a des spécialités médicales sur lesquelles on a des postes vacants : anesthésie-réanimation pour les 2 structures, et radiologie. Il y a aussi la psychiatrie. Pour toutes les spécialités médicales, ça devient très compliqué. Du côté des urgences, c’est un peu moins tendu mais ce n’est quand même pas évident. Dès lors que l’on a un candidat, on tâche d’avoir une approche rapide et la plus efficace possible. Nous avons des difficultés à recruter des gériatres alors qu’on a un bassin de population qui nécessite un effectif assez conséquent en gériatrie. Voilà pour ce qui est du corps médical.

Nos problématiques de recrutement concernent aussi toutes les spécialités de diplômes d’état : professionnels de santé, principalement des infirmier.es. C’est toujours très difficile de recruter un.e infirmier.e en dehors des sorties d’école. Il s’agit d’un problème national, peut-être un peu plus tendu dans nos établissements par rapport au CHU de Montpellier. Les spécialités que l’on propose impactent les choix des étudiants. Les jeunes infirmier.es en général, ils.elles veulent des activités qui bougent, des activités de chirurgie. Et nous, on a surtout des besoins en gériatrie.
C’est très difficile de recruter un.e jeune infirmier.e qui sort de l’école et qui veut aller en gériatrie, en EHPAD ou en anesthésie. Ils.elles font leur marché souvent quand ils.elles sortent ; à moins d’être bloqué.e géographiquement.
C’est vrai que l’éloignement territorial ne joue pas en notre faveur.

On peut également avoir des problèmes de recrutement lorsqu’on cherche des métiers spécifiques comme technicien.nes de laboratoire, préparateur.rices en pharmacie. Des métiers bien spécifiques.

Et il y a des métiers qui ne sont pas toujours en tension au niveau national mais au moment où l’on en a besoin. Ce sont des métiers à faible effectif où il n’y a pas de quotas en sortie de formation. En temps réel, on n’arrive pas toujours à pourvoir les postes.

Les compétences ne sont pas toujours présentes sur le bassin parce qu’il n’y a pas la formation ou parce que les personnes qui suivent la formation ne sont pas d’ici et ne restent pas forcément en Aveyron.

Nous avons la chance d’avoir un IFSI à Millau qui nous permet quand même de recruter plus facilement des IDE et des aide-soignant.es en sortie d’école. Mais cela devient compliqué également pour le recrutement d’aide-soignant.es. Millau nous fournit mais n’a pas qu’un vivier local, surtout avec la nouvelle réforme. Le gros avantage, c’est que l’établissement nous les envoie en stage. Lorsque les infirmier.es font leur stage pré-pro chez nous, cela nous permet de les connaître et cela leur donne envie de rester si on arrive à bien les accueillir.

Comment procédez-vous pour vos recrutements ?

Je (NDLR : Nathalie Peyrottes) procède de manière systématique. Dès que nous avons un besoin en recrutement, nous publions à minima sur 3 sites : Pôle Emploi quel que soit le métier, FHF (Fédération Hospitalière de France) qui a un site consulté par tous les hospitaliers lorsqu’ils recherchent une mobilité et L’Aveyron Recrute depuis qu’il existe. Je suis rentrée très tôt dans le dispositif et c’est systématique.

Nous (NDLR : Emmanuelle Hilaire) sommes utilisateur depuis l’été dernier. Nous diffusons également sur ces 3 canaux.

Dans le cadre de l’harmonisation, on s’échange les astuces, les bonnes pratiques… On était ensemble au job dating (NDLR : Job dating organisé par L’Aveyron Recrute à Paris en 2019). Cela nous a dynamisées dans la même voie sur la manière de recruter.

Comment avez-vous connu L’Aveyron Recrute ?

J’ai (NDLR : Nathalie Peyrottes) connu L’Aveyron Recrute, dès le départ, par les communications du Conseil départemental de l’Aveyron sur le dispositif.

Nous (NDLR : Emmanuelle Hilaire) aussi, nous avons été démarchés, par mail…

Pouvez-vous nous parler d’une expérience de recrutement menée avec L’Aveyron Recrute ?

Lors du job dating de 2019 organisé à Paris par L’Aveyron Recrute, nous (NDLR : Nathalie Peyrottes) avons rencontré une aide-soignante qui voulait venir en Aveyron. Nous sommes restées en contact. Elle était à Paris et voulait quitter la région parisienne. C’était surprenant le nombre de personnes qu’on a eue sur le stand qui souhaitait fuir la vie parisienne et venir découvrir cette belle Aveyron. C’est vrai que c’était une belle opération (NDLR : Le Marché des Pays de l’Aveyron) de mise en valeur du territoire. Plein de gens venaient, intéressés, avaient une démarche réfléchie et d’autres venaient vraiment en touristes. L’avantage, c’est que ça a fait parler de nous, ça nous a permis de mettre en valeur notre territoire, nos établissements, de faire comprendre qu’il y a du recrutement, des besoins en Aveyron. L’aide-soignante rencontrée et moi avons eu plusieurs entretiens ; elle s’est également entretenue avec une cadre de santé, elle était très intéressée, elle commençait à étudier les possibilités d’accompagnement avec l’équipe de L’Aveyron Recrute parce qu’il fallait qu’elle déménage, qu’elle trouve un logement. Elle attendait beaucoup, notamment financièrement, ce qui n’était pas toujours possible. Au final, le côté financier et vie personnelle ont fait que cela n’a pas abouti mais nous étions quand même allés assez loin.

J’ai aussi pas mal de candidats qui m’appellent et qui me disent avoir vu l’annonce sur L’Aveyron Recrute. Parfois, les recrutements ont abouti mais c’est vrai que nous ne sommes pas allés jusqu’à identifier l’origine de consultation de l’annonce.

Nous aussi, de notre côté, nous (NDLR : Emmanuelle Hilaire) avons été appelés par des personnes qui cherchaient plus d’informations à partir de votre site.

Nous recevons les CV en ligne aussi ! Dès que nous avons affaire à un CV IDE, nous contactons la personne.

C’est assez dynamique, de manière générale.

En quoi le dispositif répond-il à vos besoins ?

Il nous permet de publier nos offres et faire bénéficier nos candidats d’un accompagnement.

Il nous donne la possibilité de faire parler de nous et de toucher tous les réseaux qu’on peut atteindre.

L’ampleur du dispositif nous met en valeur au-delà du territoire. Il ne s’agit pas seulement de recrutement. La communication est très large.

Les manifestations qui ont lieu comme le job dating de Paris, les réunions auxquelles j’ai participé à Rodez avec d’autres responsables d’établissement sont bénéfiques. On travaille un peu sur de la GPMC (Gestion Prévisionnelle des Métiers et des Compétences). Tout ça permet d’approfondir les actions et d’être plus concluant.

Une fonctionnalité du dispositif que vous utilisez plus qu’une autre ?

Essentiellement la publication des offres.

Avez-vous déjà participé à l'un de nos job datings à Paris ou à l'une de nos campagnes digitales ?

Nous avons participé au job dating de 2019.
Nous avons reçu 10 à 15 CV : beaucoup d’aide-soignant.es et d’ASH, peu d’IDE. Quelques étudiants IDE sont venus nous rencontrer aussi. Au final, nous avons eu beaucoup plus de contacts que les 10 à 15 CV présélectionnés.
Via nos publications d’offres, on a participé à vos campagnes digitales concernant le job dating et le médico-social.

Cela nous apporte une notoriété en dehors de l’Aveyron et nous apprécions l’accompagnement qui peut être mis en place pour les nouveaux arrivants sur le territoire.
Concernant les médecins, les personnes recrutées ne proviennent qu’en dehors du département. Plus le métier est spécialisé, plus les profils proviennent de l’extérieur. Pour les infirmier.es, c’est moitié/moitié. En local, il s’agit plutôt de métiers moins qualifiés.

Une préconisation pour améliorer le dispositif ?

Lorsqu’on organise une campagne digitale ou un job dating, nous avions évoqué avec Laurianne et Chrystel (NDLR : membres de l’équipe L’Aveyron Recrute et Accueil Médecins Aveyron), en amont un démarchage des écoles. On a rencontré quelques étudiants au job dating, qui venaient, qui n’étaient pas en dernière année, qui se disaient « on vient voir ». Certains cherchaient les urgences et était donc mobile là où on le prenait en sortie d’école aux urgences. Si nous avions une démarche en amont pour diffuser nos offres auprès des écoles, dans les écoles de diplôme d’état où l’on recrute des IDE, des AES mais surtout dans les facs de médecine. Il faut marteler l’info, mettre en valeur le territoire par des publications, des annonces, des photos sur la qualité de vie. Dans le contexte actuel, on sent bien, notamment lors de recrutement, que de nombreuses personnes n’en peuvent plus de la grande ville et souhaiteraient venir s’installer dans notre région. C’est beaucoup plus marquant en ce moment. Pourquoi pas une campagne de comm qui s’adresseraient aux étudiants.

Chrystel avait organisé une soirée d’accueil des internes, une journée de sport qui avait bien fonctionné… Ce sont des manifestations qui permettent de favoriser l’intégration et vraiment c’est bien !

Une préconisation plus générique qui permettrait de faciliter les recrutements ?

La grosse difficulté qu’on rencontre aujourd’hui, c’est l’isolement territorial. Même si c’est un peu exagéré, certains nous disent ne pas connaître l’Aveyron. Ils ne savent pas où ils mettent les pieds, si il y a des activités, s’ils ne vont pas s’ennuyer, s’ils vont pouvoir scolariser leurs enfants comme il faut. Il m’est arrivé de recruter des médecins étrangers qui s’inquiétaient pour les études de leurs enfants : « Est-ce qu’on les met à l’école ici ? est-ce qu’ils vont être capables de faire médecine plus tard ? ».
Dans nos villes, il y a pourtant toutes les activités, culturelles, sportives particulièrement développées, une qualité de vie, peu coûteuse qui plus est. L’Aveyron est un territoire de sports de pleine nature. Franchement il y a du plus ici, des tas de choses à faire.

Concernant l’hôpital aussi, les gens ont peur des petites structures isolées où il n’y aurait que de la gériatrie. Mais ce qu’il faut savoir, c’est  qu’aujourd’hui nous travaillons au sein d’un GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) : nous sommes rattachés au CHU de Montpellier, on travaille en filière ; nos patients sont donc pris en charge dans nos structures en fonction de nos capacités d’accueil. Dès que besoin, nous envoyons sur les établissements du département, de la région. On a une organisation structurée au sein du GHT et donc il y a la possibilité ultérieure d’obtenir une mobilité même si ce n’est pas encore en place.

 

 

 

source : interview du 9 février 2021